Fabien Gilot : « Faire en sorte que les athlètes français prennent part aux grands sujets »

Présent lors de la soirée coorganisée par CALIF et Unit Group à Lyon le jeudi 23 mai à Lyon, le triple médaillé olympique Fabien Gilot nous a fait l’honneur de répondre à nos questions dans le cadre de la 4ème édition de notre newsletter « Lobby 2024 ». L’occasion pour lui de revenir sur la notion d’héritage concernant Paris 2024, mais aussi d’aborder plusieurs enjeux auxquels il accorde une grande importance, de la place du sport dans la société française à celle de la logique d’embarquer l’ensemble de nos compatriotes dans ce fabuleux évènement sportif que représentent ces JOP. Sans oublier d’évoquer les chances de médailles tricolores pour cette olympiade.

Tu as eu la chance et l’honneur de porter la flamme olympique lors de son arrivée à Marseille au début du mois de mai. Une cérémonie superbe qui a permis de valoriser toute l’excellence et l’incarnation sportive de cette ville. En tant qu’ambassadeur de « Terre de Jeux », as-tu des attentes particulières pour le parcours de la flamme ? Aussi, en quoi accueillir la flamme est source de fierté pour un sportif issu du territoire qui l’accueille ?

Le label « Terre de Jeux » répond avant tout à une logique de rayonnement du sport dans les territoires, sachant que toutes les communes, peu importe leur taille ou les moyens financiers dont elles disposent, peuvent être parties prenantes de ce dispositif. Il vise à la fois à encourager et sensibiliser les Françaises et les Français dans la pratique de sport, mais répond aussi à un enjeu d’héritage afin de capitaliser sur cet évènement afin que « Monsieur et Madame Tout le monde » puisse s’identifier dans ce que le sport véhicule comme valeurs, que ce soit le respect, la solidarité, mais aussi évidemment le bien-être, ceci, alors que la France évolue dans son approche autour du « bien vivre », du « bien vieillir », dans un contexte de vieillissement de la population. Nous avons la chance d’organiser la plus belle des compétitions internationales, avec des sites sportifs emblématiques qui participent au rayonnement national. Cette notion d’héritage est donc fondamentale avec cette volonté et cette ambition de la part des organisateurs d’embarquer tout le monde. Il ne faut pas oublier qu’au sein d’une même famille, le sport peut réunir 4 générations !

J’ai enfin eu la chance de remporter les JO et c’est quelque chose de très fort, dont je me souviendrai évidemment toute ma vie. Le fait de porter la flamme est une vraie reconnaissance qui me pousse à porter haut les valeurs de l’olympisme, dans un moment de communion sociale. Je suis persuadé que le sport a vocation à s’impliquer dans la société.

Dans le cadre de l’organisation des JOP 2024, tu as plusieurs casquettes dont celle de président de la commission des athlètes du CNOSF. Concrètement, en quoi consiste ton rôle ?

De façon très concrète mon rôle est de faire en sorte que les athlètes français prennent part aux grands sujets, aux grands chantiers futurs concernant le sport dans la société, pour continuer à espérer d’avoir des sportifs de haut niveau. Le sport est une merveilleuse école de la vie et je suis convaincu qu’il est nécessaire d’avoir plus d’heures de pratiques sportives à l’école car c’est un réel vecteur d’apprentissage pour les jeunes générations.

Outre tes fonctions au sein du CNOSF et du COJO, tu es également co-président du comité Sport JO 2024 du MEDEF. Concrètement, quelle est la place du mouvement patronal et de façon générale des entreprises dans l’organisation et la bonne tenue de Paris 2024 ?

Nous avons la chance d’avoir des « patrons des patrons » qui sont des sportifs, que ce soit Geoffroy Roux de Bézieux et maintenant Patrick Martin. Ils sont pleinement conscients de ce qu’apporte le sport en tant que vecteur social. Le MEDEF a un rôle à jouer avec le sport amateur, notamment sur tout ce qui relève de l’échange de bons procédés, mais aussi de financement. Etant aujourd’hui dirigeant d’entreprise, je me rends compte par ailleurs que le chef d’entreprise, l’entrepreneur, partage le même quotidien que le sportif de haut niveau : même goût de l’effort, même remise en question, même rapport à l’échec etc. Enfin, il ne faut pas oublier que les entreprises du MEDEF accompagnent les sportifs avec lesquels ils ont des affinités, avec, en contrepartie ces athlètes qui viennent livrer leur savoir-faire du haut niveau, autour de l’hygiène de vie par exemple.

Enfin en tant que champion olympique de natation, quels sont tes espoirs de médailles pour la France ?  

Je pense que le record de médailles sera battu et qu’on peut légitimement se permettre de rêver d’un Top 5 au tableau des médailles. A titre personnel, j’ai évidemment hâte de voir Léon Marchand à l’oeuvre. Je le connais, c’est un garçon aussi intelligent que performant qui incarne magnifiquement le sport de haut niveau. Maintenant la question en filigrane est comment permettre à nos jeunes sportifs et à nos futurs champions de vivre de leur passion ? Comment insuffler et inspirer les jeunes générations et faire en sorte qu’elles soient capables de mener des carrières ? J’ai bon espoir que Paris 2024 nous permette d’apporter des éléments de réponse à ces enjeux.