Aline Louisy-Louis et Michael Dodds : « Moins un héritage que la poursuite des actions déjà engagées depuis plusieurs années »

Pour la deuxième édition de sa newsletter « Lobby 2024 » consacrée aux impacts économiques et sociaux de Paris 2024 dans les territoires, CALIF s’est entretenu avec Aline Louisy-Louis, vice-président du conseil régional de Normandie en charge du Sport, du Nautisme et de la Jeunesse, et Michael Dodds, directeur général de Normandie Attractivité / Comité régional du tourisme.
L’occasion pour eux de rappeler le travail réalisé par la Région Normandie depuis plusieurs années sous l’impulsion du président Hervé Morin, ainsi que la volonté de placer le territoire dans une démarche d’excellence au niveau des infrastructures sportives, à l’image des investissements réalisés sur le site d’Houlgate (Calvados).

La Normandie n’accueillera pas d’épreuves olympiques mais sera en revanche une « base arrière » avec l’accueil de pas moins de 22 délégations de 13 nationalités différentes dont quatre équipes françaises et 20 disciplines réparties sur le territoire normand. Concrètement, quelles sont les attentes de l’exécutif régional pour cet évènement et quels sont les impacts attendus en termes de rayonnement et de tourisme ?

Aline Louisy-Louis : Lors de l’attribution des Jeux Olympiques et Paralympiques à Paris (pour lesquels aucun site normand n’avait été présenté), le président Hervé Morin souhaitait que la région se positionne comme base arrière. C’est donc suivant cette ambition que nous avons entrepris la labellisation des centres de préparation.
Cette compétition va ainsi évidemment contribuer au rayonnement de notre territoire, ne serait-ce que par l’intérêt suscité par les médias. Cela va également permettre de valoriser nos équipements sportifs et engendrer une certaine attractivité économique puisque les sportifs viennent avec leur famille et drainent avec eux les supporters.

Nous attendons donc logiquement des retombées économiques (plusieurs millions d’euros sont attendus) mais nous misons aussi sur des éléments intangibles comme la notoriété de notre région, son attractivité et son rayonnement touristique avec une couverture médiatique de nos sites emblématiques.

Michael Dodds : Nous sommes très heureux d’accueillir ces délégations notamment dans un objectif d’image liée à la présence médiatique attendue. Nous sommes également particulièrement fiers d’accueillir l’équipe des réfugiés d’autant que la Région promeut les valeurs de liberté et de paix.

On a beaucoup parlé ces derniers jours de la flamme olympique. Or, peu de gens le savent mais c’est la société Degrenne, basée à Vire, qui s’est vu confier la fabrication de ce symbole de l’olympisme. La Région a-t-elle prévu des évènements particuliers lors du parcours de la flamme en Normandie entre fin mai et début juillet, visant à valoriser le savoir-faire industriel et artisanal du territoire ?

A L-L : Le COJOP a travaillé essentiellement avec les Départements. Sur les 5 Départements que compte la Région Normandie, 4 accueilleront le passage de la flamme. Il n’y a donc pas d’évènement particulier prévu au niveau du conseil régional qui n’est pas impliqué dans ce dispositif. En revanche, le passage de la flamme en Normandie – qui quelque part revient chez elle ! – sera évidemment l’occasion de valoriser nos territoires. A titre d’exemple, pour le Calvados, la flamme débutera son parcours sur les plages du Débarquement et la terminera à Caen avec un passage à Houlgate où sont basées plusieurs équipes, à l’instar des équipes olympique et paralympique de France de taekwondo, les judokas bleus paralympiques ou encore la délégation américaine de lutte.

MD : Il va forcément y avoir un engouement local dans ces départements. Enfin, outre la société Degrenne, rappelons que les produits HiPRO de Danone – partenaire des JOP 2024 – à destination des sportifs sont également fabriqués en Normandie (site Danone Pays-de-Bray en Seine-Maritime).

La Normandie a pour avantage d’être à proximité immédiate de Paris. Remarquez-vous une hausse particulière des réservations hôtelières pour la période des Jeux ?

A L-L : Il faut savoir que dès le mois de juin, la Normandie va accueillir de grosses séquences avec le 80ème anniversaire du Débarquement et l’accueil des délégations sportives. Et je ne parle même pas des Parisiens qui vont quitter la capitale et venir dans leur résidence secondaire ! Avec l’accueil des délégations (la délégation d’Arabie Saoudite a réservé un hôtel complet à proximité de Val-de-Reuil), des supporters, des familles, nous risquons d’être « un peu court » en termes d’hôtellerie car tout est concentré au même moment.

Toutefois, nous avons su travailler en bonne intelligence avec nos partenaires dont au premier chef la SNCF qui va mettre à disposition des trains supplémentaires sur la période des Jeux. Sur le réseau Nomad, les usagers auront la possibilité de partir le matin sur les sites franciliens et revenir le soir grâce à un haut niveau de fréquence. J’ajoute enfin qu’au mois d’août, une fois la période des Jeux terminée, d’autres équipes reviendront pour préparer les championnats du monde tandis que nos clubs professionnels, notamment de football, prépareront quant à eux leur saison.

MD : La période des Jeux intervient à un moment où nous avons déjà énormément de réservations, dans un contexte d’attractivité touristique fort avec notamment les 150 ans du mouvement impressionniste et le 80ème anniversaire du Débarquement. Nous pouvons aussi tirer des bénéfices avec la saturation des logements et chambres d’hôtels à Paris et en Ile-de-France.

Tout cela fait qu’en termes d’images, en termes d’accueil, nous avons effectivement de fortes attentes. L’accès au sport et à un agréable cadre de vie sont des éléments sur lesquels nous comptons capitaliser.

Enfin, la Normandie se présente comme une terre de sports. Y-a-t-il une volonté politique de profiter de l’héritage des JOP 2024 pour positionner le territoire comme un lieu de « tourisme sportif » sur le même modèle du « tourisme de savoir-faire » ?

A L-L : Contrairement à d’autres Régions, la Normandie ne paye pas pour accueillir les délégations. La majorité de celles que nous accueillons ont déjà séjourné en Normandie dans le cadre d’entrainements. A titre d’exemple, le conseil régional et la délégation américaine de lutte sont en contact depuis 2022, et ses représentants ont testé les lieux dans le cadre des championnats du monde de 2023. Idem pour les équipes canadiennes de natation et le volley-assis féminin, ou pour l’équipe de France de taekwondo qui vient à Houlgate depuis plusieurs années.

Ce n’est donc pas tant un héritage mais la poursuite de l’ambition amorcée par le président Hervé Morin depuis quelques temps. Pour mémoire, la Région a investi 50 millions d’euros dans les infrastructures du Centre sportif de Normandie à Houlgate, qui sont autant mises à disposition des Normands que des délégations internationales. Nous avons donc effectivement pour ambition de nous adresser à des sportifs amateurs mais de haut-niveau. Il s’agit d’un réel travail collectif entre les collectivités territoriales, la Région et les acteurs du sport. Rien n’eut été possible si nous n’avions pas été solidaires.

Les ligues se sont positionnées ainsi que les entraîneurs, les fédérations (notamment la fédération de lutte, de taekwondo). Nous sommes fiers d’avoir pu créer de véritables liens de confiance, inscrits dans le temps, matérialisés par différentes conventions.

MD : Tout ce qui peut conforter l’image sportive adossée au cadre de vie est un réel enjeu pour accueillir de jeunes talents, de jeunes actifs sur notre territoire. Le 16 mai, nous allons accueillir 700 personnes à Caen dans le cadre de la soirée des Ambassadeurs pour valoriser nos actions et donner du sens à la fierté Normande. Il est évident que le fait que notre Région soit partie prenante de ces Jeux est un immense privilège pour répondre à cette ambition !

Un grand merci pour votre disponibilité.